Journée internationale des infirmières: Étude de cas de la semaine

JII
5 Mai 2020
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Modèle de continuité des soins dirigé par une sage-femme: Hong Kong

Contributeur: Lai Ka Wai, sage-femme agréée, infirmière de pratique avancée

IDM

Pour marquer la Journée internationale de la sage-femme, le 5 mai, nous célébrons le travail de notre profession apparentée à travers cette étude de cas à Hong Kong.

Les soins dispensés par les sages-femmes présentent un très grand nombre d’avantages, notamment une réduction du nombre d’anesthésies épidurales, d’épisiotomies ou de naissances avec instruments d’extraction. Les taux d’accouchements par voie vaginale sont plus élevés, tandis que le risque d’accouchement prématuré ou de complications est également réduit (Sandall, Soltani, Gates, Shennan et Devane, 2016).

Depuis 2017, le service d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital Prince de Galles de Hong Kong, applique un modèle de continuité des soins dirigé par des sages-femmes, où les cas à risque faible sont pris en charge par la même équipe de sages-femmes, appelée « équipe de continuité des soins obstétricaux », pendant la grossesse et durant comme après l’accouchement. Les avantages de la continuité des soins ne se limitent pas uniquement à l’accouchement ; ils comprennent également le soutien psychologique aux femmes, en particulier lorsque l’accouchement prend une tournure inattendue et anormale.

Mme A. était nullipare, en bonne santé avant la grossesse et prise en charge par l’unité de contrôle prénatal. Ses résultats sanguins prénataux étaient normaux ; le dépistage du syndrome de Down au premier trimestre et l’examen morphologique n’ont rien révélé de particulier. Au vu des résultats, elle a été suivie par l’équipe de continuité des soins obstétricaux, la même équipe de sages-femmes se chargeant des soins continus pendant toute la grossesse, puis avant, durant et après l’accouchement. De bonnes relations ont été établies entre Mme A. et l’équipe de continuité des soins obstétricaux. Elle avait toute confiance en l’équipe lors des visites prénatales et se réjouissait d’un accouchement vaginal naturel et classique, sans recours à des analgésiques pharmacologiques ou autres interventions à la naissance qui, selon elle, pourraient nuire à son bébé et à l’allaitement.

À la trente-neuvième semaine de gestation, Mme A. a été admise dans l’unité pour rupture spontanée des membranes. Un liquide teinté de méconium a été constaté, entraînant l’intervention d’un obstétricien qui lui a donc proposé le déclenchement du travail. Un soutien et un suivi attentifs étaient assurés par l’équipe de continuité des soins obstétricaux, son mari était à son chevet et différents types d’analgésiques non pharmacologiques lui ont été proposés. Bien que le liquide teinté de méconium soit toujours présent, la cardiotocographie et l’accouchement se déroulaient de façon normale et satisfaisante.

Par malheur, lorsque le col de l’utérus fut complètement dilaté, le rythme cardiaque du fœtus a soudainement et spectaculairement ralenti et une petite quantité de liquide teinté de méconium a été observée, pouvant indiquer un danger pour le fœtus. L’obstétricien est immédiatement intervenu et un accouchement à la ventouse a été conseillé. Comme l’état du fœtus était désormais instable, il n’était pas souhaitable que le mari de Mme A. reste présent. Il lui fut donc intimé de sortir de la salle d’accouchement. Une petite fille a finalement vu le jour après un accouchement difficile. Un pédiatre se tenait prêt pour réanimer le bébé. Il constata une fracture de la clavicule droite et suspecta une hémorragie sous-arachnoïdienne. Le bébé fut transféré dans l’unité néonatale pour des examens plus approfondis. Ce déroulement brutal et inattendu a légitimement bouleversé Mme A. Une sage-femme de l’équipe de continuité des soins obstétricaux est restée à son chevet et celui du bébé, lui tenant la main pour la rassurer et la consoler.

Le lendemain, la sage-femme de l’équipe de continuité des soins obstétricaux a rendu visite, dans le service postnatal, à Mme A. qui se sentait mieux. Outre un examen physique, la sage-femme a fait le point avec elle, pour évaluer son ressenti de l’accouchement et ses émotions. Mme A. a confié que le déroulement de l’accouchement lui laissait un sentiment d’échec et de culpabilité. Elle a été encouragée à exprimer ses sentiments, la sage-femme l’écoutant attentivement et la rassurant. Malgré l’expérience négative de l’accouchement, Mme A. a apprécié l’appui constant de l’équipe de continuité des soins obstétricaux tout au long de la grossesse et de l’accouchement. Dans la mesure où elle était soignée par des sages-femmes qu’elle connaissait déjà, elle était en confiance et fermement convaincue que les médecins et les sages-femmes avaient tout mis en œuvre pour les protéger, elle et son bébé. Le bilan effectué après la naissance l’a rassérénée, lui permettant de prendre du recul et d’y voir plus clair. Elle était également heureuse de l’intervention du pédiatre, qui l’a rassurée en confirmant l’absence d’hémorragie sous-arachnoïdienne après examen approfondi et sur le pronostic favorable de la fracture.

La plupart des études font état d’une plus grande satisfaction vis-à-vis des différents aspects des soins dans le contexte du modèle de continuité de soins dirigé par des sages-femmes comparé à d’autres modèles de soins. Il ressort également qu’il y a moins de complications associées aux soins dispensés par les sages-femmes (Ten Hoope-Bender et coll., 2014). Comme il y a toujours un risque que l’accouchement soit mal vécu, l’équipe de continuité des soins obstétricaux dispense des soins psychologiques. Le modèle des soins de continuité dirigé par une sage-femme pourrait contribuer à établir une relation de confiance et d’amitié entre les sages-femmes et les femmes enceintes, ce qui est essentiel au bien-être physique de la mère et du bébé et surtout, au bien-être psychologique, en particulier dans les moments difficiles pour les mères.

Références

Sandall J., Soltani H., Gates S., Shennan A., Devane D. (2016), Midwife-led continuity models versus other models of care for childbearing women, Cochrane Database of Systemic Reviews, Issue 4, art. num. CD004667, DOI : 10.1002/14651858.CD004667.pub5.

Ten Hoope-Bender P., de Bernis L., Campbell J., Downe S., Fauveau V., Fogstad H. et coll. (2014), Improvement of maternal and newborn health through midwifery, The Lancet 384, pp. 1226-1235.

Organisation mondiale de la Santé (2019), Midwife-led care delivers positive pregnancy and birth outcomes, sur le site ici

Ressources disponibles auprès de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) :

Cliquez ici pour lire la prise de position de l’ICM appelant les pouvoirs publics à fournir des équipements de protection individuelle aux sages-femmes

Cliquez ici pour lire la prise de position de l’ICM appelant à ce que les droits des femmes en matière d’accouchement soient respectés durant la pandémie de coronavirus