Les infirmières en Finlande réclament une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail pour remédier à la pénurie d’infirmières et assurer la sécurité des patients

4 Avril 2022
WS 08

Crédit photo: Benjamin Suomela / Yle

Le 1er avril 2022, 25 000 professionnels de santé, dont des infirmières diplômées, se sont mis en grève dans six districts hospitaliers en Finlande pour réclamer des salaires et des conditions de travail décents.

La grève est menée par les syndicats Tehy – le syndicat finlandais des professionnels de santé et des services sociaux – et SuPer – le syndicat finlandais des aides-soignantes. L’Association finlandaise des infirmières, membre du Conseil International des Infirmières (CII), n’est pas un partenaire de négociation, mais collabore étroitement avec Tehy et soutient pleinement la grève.

Tehy et SuPer ont appelé à la grève, qui durera jusqu’au 15 avril et comprend l’interdiction de programmer des heures supplémentaires aux personnes ne faisant pas la grève, pour protester contre l’absence d’amélioration des conditions de travail et des salaires malgré le travail intense et le stress enduré par les agents de santé durant la pandémie. Les hausses de salaire proposées par les employeurs sont très loin des attentes des représentants du personnel. Tehy et SuPer ont proposé un programme de sauvetage pour faire face à la pénurie de professionnels de santé et des services sociaux et améliorer les conditions de travail. Ce programme prévoit une hausse de salaire annuelle de 3,6 % durant les cinq prochaines années, en plus de l’augmentation de salaire normale. Une nouvelle grève de 40 000 professionnels de santé aura lieu mi-avril, à moins qu’un accord ne soit trouvé entre-temps.

Tandis que certains directeurs d’hôpitaux et médecins-chefs ont exprimé leur inquiétude quant aux conséquences de la grève sur la sécurité et la santé des patients, de nombreuses infirmières ont déclaré sur les réseaux sociaux que, grâce aux règles de protection du travail en vigueur durant la grève, elles bénéficient d’une meilleure dotation en personnel qu’en temps normal. Une infirmière d’un service de soins intensifs pédiatriques a déclaré qu’il y a actuellement neuf infirmières par équipe, ce qui est bien plus que ces trois derniers mois. Une autre infirmière du centre de dialyse du Centre hospitalier universitaire de Turku a déclaré que, contrairement à ce qui a été dit, cinq infirmières sont pour l’heure affectées à la protection du travail, ce qui est plus qu’en temps normal, c’est pourquoi tous les traitements de dialyse nécessaires ont été faits et personne n’a été laissé de côté.

Nina Hahtela, la Présidente de l’Association finlandaise des infirmières a déclaré :

« Ces dernières années, à maintes reprises, nous avons manifesté notre profonde inquiétude concernant le manque croissant d’infirmières et ses répercussions sur la sécurité des patients et les services de santé, mais nous n’avons pas été entendus. Le salaire et les conditions de travail sont les principaux facteurs pouvant dénouer la situation. À l’heure actuelle, le salaire des infirmières ne correspond pas aux exigences et aux responsabilités de la fonction ni au niveau de formation, et il est loin de celui des collègues des autres pays nordiques, par exemple. Les personnalités politiques et les dirigeants n’ont pas exprimé leur inquiétude sur la sécurité des patients avant la grève, alors qu’elle se pose au quotidien en raison du manque d’infirmières. Les infirmières ont fait preuve d’une grande souplesse, mais tout a ses limites. Beaucoup de nos infirmières sont véritablement épuisées. Cette grève sert à redresser la situation, non à l’aggraver ; il s’agit de trouver des moyens de recruter et de fidéliser les infirmières aujourd’hui comme demain. Aucune d’entre nous ne souhaite la grève, mais nous avons épuisé toutes les autres options. Les infirmières ont été louées pour leur valeur inestimable pendant la pandémie et c’est d’autant plus triste de lire l’actualité et de constater l’absence de soutien des dirigeants d’hôpitaux. »

« En outre, le Ministère de la santé prépare actuellement une loi visant à obliger davantage d’infirmières à travailler pendant la grève. C’est totalement inacceptable. La grève est légale et les négociations sur la protection du travail requise se déroulent conformément à la loi. »

L’Association finlandaise des infirmières a indiqué que le salaire de base moyen versé mensuellement aux infirmières en Finlande (en comptant les suppléments pour le travail le soir, les dimanches, etc.) est de 3 183 €, contre 3 527 € pour le salaire mensuel moyen en général dans le pays. Selon le baromètre professionnel publié en septembre 2021, les infirmières diplômées occupent la première place sur la liste des professions connaissant des pénuries de personnels en Finlande.

Réagissant à l’annonce de la grève, Howard Catton, le Directeur général du CII, a déclaré :

« Le CII voit la grève comme une mesure de dernier recours, à ne mener qu’après avoir exploré et usé tous les autres moyens possibles pour conclure un accord. Or, nous avons averti les gouvernements des graves conséquences à long terme sur la santé et les systèmes de santé si l’on ne remédie pas à la pénurie chronique d’infirmières dans le monde. Les infirmières et les autres professionnels de santé doivent être reconnus et récompensés pour leur travail, afin de fidéliser les effectifs actuels et de créer des vocations pour la profession. La sécurité des patients sera vraiment en péril si nous ne nous attaquons pas dès maintenant à cette pénurie chronique. »

Un rapport publié par le CII en janvier de cette année, intitulé Pérenniser et fidéliser les effectifs en 2022 et au-delà, appelle les pouvoirs publics à respecter et à investir dans la profession infirmière pour fidéliser et recruter les infirmières et « endiguer le flot d’infirmières quittant la profession en raison du stress supplémentaire provoqué par la COVID-19. »

Voir aussi :

Prise de position du CII sur l’Action revendicative

Communiqué de presse de Tehy et SuPer (en anglais)

Télécharger le communiqué ici