Journée internationale des infirmières: Étude de cas de la semaine

JII
11 Août 2020
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Journée internationale de la jeunesse : service de soins primaires en pédiatrie géré par des infirmières, Canada

Contribution: Minna Miller, Chantel Canessa, Alissa Collingridge et Lisa Papau

Pour célébrer la Journée internationale de la jeunesse, le 12 août, le CII présente une étude de cas concernant la manière dont des infirmières garantissent l’accès des enfants et des jeunes aux soins de santé.

Les services de soins primaires constituent le premier point de contact et d’accès aux soins. Pour la population pédiatrique, le but est de permettre aux enfants de rester en bonne santé et d’aider ceux qui sont malades à guérir.

Mais l’accès aux soins primaires reste difficile. L’Enquête canadienne sur la santé (2017) a montré que 4,6 millions de Canadiennes et Canadiens (15 %) âgés de 12 ans et plus ne bénéficient pas d’un suivi régulier par un médecin. Dans un contexte où le nombre de médecins de famille soignant les enfants est en déclin et où une partie seulement des pédiatres prodiguent des soins primaires, il devient de plus en plus difficile pour les enfants et leurs familles d’accéder aux services de soins primaires. Les infirmières praticiennes (IP) de la Child and Youth Primary Care Clinic (PCC) viennent combler ces lacunes et améliorer l’accès aux soins.

Les infirmières praticiennes de la PCC prodiguent des soins primaires centrés sur les patients, holistiques, longitudinaux, complets et coordonnés à des nourrissons, à des enfants ainsi qu’à des jeunes jusqu’à 19 ans.

Ouverte en 2009 à côté de l’hôpital pédiatrique, la Child and Youth Primary Care Clinic propose des services ambulatoires destinés à combler les lacunes dans les soins. Jusqu’à cette date, l'accès aux services communautaires de soins primaires en pédiatrie était limité, tandis que les enfants et adolescents à haut risque et vulnérables placés en famille d'accueil ne bénéficiaient pas de soins complets et continus. D’autre part, le manque de prestataires de soins primaires limitait les possibilités de suivi après l’hospitalisation et après les soins d’urgence.

En outre, il était devenu nécessaire de rationaliser la prise en charge de l'asthme au sein de l'organisation. C’est pourquoi un service interdisciplinaire de soins de l'asthme fut créé, fournissant des diagnostics, une prise en charge, une éducation et un suivi en temps utile.

La satisfaction des patients à l'égard des soins fournis par les infirmières praticiennes a eu pour effet d’augmenter la demande pour leurs prestations. En outre, l’orientation de nombreux patients vers la PCC par des médecins sous-spécialistes a entraîné l'extension des services prodigués par les infirmières praticiennes à plusieurs domaines de sous-spécialisation. Parmi ces domaines, citons la dermatologie ; les allergies et l’asthme à haut risque ; les soins complexes ; de même que la sensibilisation en direction des jeunes souffrant de troubles mentaux, comportementaux et neurodéveloppementaux, y compris la consommation de substances et les dépendances.

Les infirmières praticiennes assurent en moyenne 2800 visites de patients par an. Un cinquième des visites auprès des enfants permettent d’identifier un diagnostic secondaire exigeant une prise en charge et un suivi subséquents.

Les motifs les plus fréquents de demande de soins primaires auprès du service géré par les infirmières praticiennes sont : examen de santé de routine de l'enfant, eczéma, asthme, infection aiguë des voies respiratoires supérieures, dermatite de contact, constipation, carence en fer ou anémie, anxiété, rhume et molluscum contagiosum.

AL’octroi des rendez-vous le même jour a permis d'éviter plus de 80 visites aux services d'urgence par an, soit une économie annuelle d'environ 32 000 dollars canadiens. S’agissant de la gestion des symptômes de type rhume ou grippe, le calcul, sur une période de deux semaines, de la rentabilité des soins d’urgence par rapport aux soins prodigués par les IP montre un rendement de 143 % en faveur des soins prodigués par les infirmières praticiennes. Quant aux données cliniques, elles montrent qu'environ 420 nouveaux patients autrefois dépourvus de prestataire primaire de soins sont désormais rattachés à l’année à la Child and Youth Primary Care Clinic.

Outre les soins directs aux patients, les infirmières praticiennes du service – qui sont toutes des infirmières de pratique avancée titulaires d’un master ou d’un doctorat – mènent des activités de recherche et d'amélioration de la qualité cliniquement pertinentes. Elles diffusent des résultats et des meilleures pratiques par le biais de publications, lors de congrès nationaux, régionaux et internationaux, de même que par l’intermédiaire de séances de sensibilisation à la santé communautaire et de présentations en milieu hospitalier.

Les infirmières praticiennes sont des consultantes expertes très recherchées par les réseaux professionnels nationaux et internationaux de soins infirmiers, de même que par le ministère canadien de la santé, les autorités sanitaires et les comités spécifiques des agences ou départements. Leurs activités comprennent la conception, l’application et l’évaluation de programmes destinés à faire avancer le rôle d’infirmière praticienne.

En tant que professeurs adjoints affiliés aux universités, les IP participent à la formation clinique d’autres infirmières praticiennes, des étudiants en médecine, des internes en pédiatrie (médecins en formation) et des infirmières. Elles sont aussi régulièrement invitées à donner des conférences à l'université.

Ces infirmières praticiennes font également office de consultantes, d'auteurs de cas et d'examinatrices pour les examens cliniques à objectifs simulés, qui sont une des exigences pour l'obtention du permis d’infirmière praticienne en Colombie-Britannique, au Canada.

Les infirmières praticiennes de la Child and Youth Primary Care Clinic améliorent l’accès aux soins primaires en pédiatrie au profit des populations qui bénéficient de leurs prestations. Elles influencent positivement les résultats pour les patients, les organisations et le système de santé en assumant leurs rôles de soins primaires ainsi que de consultance en soins sous-spécialisés. Pour assurer la pérennité des infirmières praticiennes en tant que membres appréciés de l'équipe soignante, il est essentiel de créer des mécanismes de financement permanent.

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