Un nouveau rapport appelle à un plan d’action mondial pour faire face à la crise du personnel infirmier et prévenir une catastrophe sanitaire évitable

24 Janvier 2022
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Un nouveau rapport révèle que la pandémie de COVID-19 a fortement aggravé la situation déjà précaire du personnel infirmier dans le monde, fragilisant l’objectif de couverture sanitaire universelle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le rapport indique qu’il faudra jusqu’à 13 millions d’infirmières supplémentaires au cours de la prochaine décennie, soit l’équivalent de près de la moitié des effectifs actuels, qui s’élèvent à 28 millions d’infirmières dans le monde.

Howard Catton, le Directeur général du Conseil International des Infirmières (CII) et coauteur du rapport, a déclaré que les conclusions mettent en lumière la gravité de la pénurie :

« Nous savions la situation fragile du fait du sous-financement chronique et de longue date des soins infirmiers dans le monde, mais au regard des dernières informations sur les postes vacants d’infirmières, les taux de volonté de départ et les taux de congé de maladie du personnel, il est temps de reconnaître qu’il s’agit d’une crise mondiale. »

« Il manquait déjà six millions d’infirmières au début de la pandémie, mais avec la pression énorme et constante de la riposte à la COVID-19 et au variant Omicron, et en comptant l’avalanche de démissions et de départs à la retraite prévus, le monde devra recruter et fidéliser jusqu’à 13 millions d’infirmières durant la prochaine décennie. »

« L’Année Internationale du personnel infirmier et des sages-femmes de l’OMS, en 2020, et l’Année Internationale des personnels de santé et d’aide à la personne l’année passée, ont constitué un important point de départ pour reconnaître la véritable valeur des infirmières et des autres agents de santé, mais ce n’était tout simplement pas suffisant. Il s’agit d’une crise sanitaire mondiale, qui requiert un plan d’action décennal concret, financé à cent pour cent, pour soutenir et renforcer les infirmières et les personnels de santé et d’aide à la personne en vue de réaliser la santé pour tous. »

Le rapport, publié aujourd’hui par le Centre international des migrations d’infirmières (CIMI), en partenariat avec CGFNS et le CII, constitue un schéma directeur des mesures devant être prises aux échelons national et international pour orienter la planification des effectifs infirmiers dans le monde. Il révèle que les pays doivent s’engager à vacciner en priorité les infirmières, à assurer des niveaux de dotation en personnel sûre, à développer leurs systèmes nationaux de formation des infirmières, à accroître l’attrait des carrières d’infirmière pour les femmes comme pour les hommes, à adhérer à des normes de recrutement international déontologiques et à surveiller la capacité des pays à atteindre l’autosuffisance pour satisfaire leurs besoins en personnels infirmiers.

Le Dr Franklin A. Shaffer, le PDG de CGFNS International Inc., également coauteur du rapport, a ajouté :

« Il faut s’attendre à un tsunami migratoire car, plus que jamais, les pays à travers le monde se tournent vers l’offre internationale de personnel infirmier pour répondre à leurs besoins en ressources humaines. La répartition déjà inégale des infirmières dans le monde sera exacerbée par le recrutement international à grande échelle dans les pays à revenu élevé, qui souhaitent une solution à la hâte pour résoudre leur pénurie d’infirmières, creusant d’autant les inégalités d’accès aux soins de santé dans le monde. »

L’auteur principal du rapport, le professeur James Buchan de l’Université de Technologie de Sydney (UTS) et de l’Université d’Édimbourg, a déclaré :

« La COVID-19 s’est lourdement répercutée sur les effectifs infirmiers, que ce soit directement sur les infirmières prises individuellement, ou du fait de problèmes qu’elle a fait apparaître dans de nombreux systèmes de santé. Les pénuries déjà identifiées ont exacerbé les effets de la pandémie et les infirmières, surmenées, jettent l’éponge parce qu’elles n’en peuvent plus. Les gouvernements n’ont pas pris de dispositions concrètes concernant la pénurie mondiale croissante d’infirmières, et maintenant ils doivent combattre une pandémie qui bouleverse de façon préoccupante les règles du jeu et exige des mesures immédiates. »

Le rapport indique qu’il est nécessaire d’établir un plan à long terme pour endiguer le flot d’infirmières quittant la profession en raison du stress supplémentaire provoqué par la COVID-19, mais aussi afin de former une nouvelle génération d’infirmières pour faire grandir la profession et répondre aux exigences futures et croissantes d’une population mondiale vieillissante.

Pamela Cipriano, la Présidente du CII, a déclaré :

« Cela fait deux ans maintenant que les infirmières sont en première ligne de la lutte contre la pandémie. Le rôle qu’elles ont joué sur la survie et la santé des personnes qu’elles ont prises en charge a été immense. Elles ont fait preuve d’une grande résistance, malgré les lourdes charges émotionnelle et physique qu’elles ont dû supporter en dispensant des soins à leurs patients et à leurs collectivités. Mais la résistance a ses limites. »

« Sans les infirmières, il est clair que nos systèmes de santé s’effondreraient. L’ensemble des données probantes que contient ce rapport montre qu’il est vital de travailler sur un nouveau plan décennal garantissant des investissements qui stabilisent et renforcent les effectifs infirmiers. Respecter les engagements à soutenir les infirmières en leur assurant des cadres de travail, des niveaux de dotation et des charges de travail sûrs, de participer à la prise de décision, des services de santé mentale et une rémunération juste, catalysera l’intérêt soutenu à faire grandir la profession. Les infirmières méritent d’être reconnues et récompensées pour leur contribution inestimable à la santé des populations partout dans le monde. »

M. Catton a ajouté :

« Nous ne pouvons plus nous permettre de sous-évaluer et de sous-financer la profession infirmière, non seulement en raison de la santé des infirmières, mais également pour des raisons de protection et durabilité de l’ensemble de notre système de santé mondial. Soyons clairs : il ne s’agit pas de solutions provisoires, de traverser la pandémie actuelle, ni même de se préparer pour la prochaine. Il s’agit d’être capables de traiter tous les besoins en matière de soins de santé qui se sont accumulés et ont été retardés depuis le début de la pandémie. Si nous ne traitons pas tous ces besoins actuels et urgents de façon durable durant la prochaine décennie, il sera fait échec à l’ambition de l’OMS de réaliser la couverture sanitaire universelle. »

D’après le Dr Shaffer,

« Les migrations internationales respectant la déontologie et dûment contrôlées offriront en permanence à toute infirmière la possibilité de faire évoluer sa carrière et de réaliser ses rêves. Mais comme le montre ce rapport, les gouvernements doivent agir rapidement pour garantir que les populations, où qu’elles soient, aient accès à l’expertise infirmière chaque fois que le besoin se fait sentir. CGFNS et le CIMI peuvent aider les autorités publiques à veiller à ce que le recrutement international se fasse de façon déontologique et que le pays recruteur comme l’infirmière concernée tirent avantage du processus. »

Le rapport peut être consulté sur les sites Web du CIMI, du CII et de CGFNS et voici le lien vers le résumé régional du rapport.

Télécharger le communiqué de presse ici