GNLI Alumni Speak Out - Part 6

GNLI
13 Novembre 2019
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« D’une manière ou d’une autre, en tant qu’infirmières cheffes de file, nous devons participer à la vie politique, car c’est là que se prennent les décisions qui affectent la profession infirmière. »

Mme Semakaleng Phafoli, infirmière et sage-femme du Lesotho, ancienne présidente de la Lesotho Nurses Association, s’est vu décerner la distinction d’« héroïne de la santé » par l’organisation Women in Global Health lors de la 70e session de l’Assemblée mondiale de la Santé, à Genève.

De tels honneurs récompensent trop rarement les succès rencontrés par les femmes remarquables qui – pour reprendre les termes de Women in Global Health – amènent le changement dans les questions relatives à l’égalité entre les sexes et influencent, pour le meilleur, les politiques de santé locales, régionales et mondiales liées à l’objectif de couverture sanitaire universelle poursuivi par l’Organisation mondiale de la Santé.

Depuis plus de trente ans, le Dr Phafoli contribue à prévenir la propagation du VIH et du sida chez les femmes enceintes et les bébés, à améliorer les services de santé destinés aux familles et à former des infirmières et des sages-femmes pour qu’elles puissent prodiguer des soins qui sauvent des vies.

Le Dr Phafoli est actuellement la conseillère technique principale en soins infirmiers et obstétricaux chez Jhpiego, anciennement connu sous le nom de Johns Hopkins Program for International Education in Gynaecology and Obstetrics (programme international de formation en gynécologie et obstétrique de l’Université Johns Hopkins).

En 2018, le Dr Phafoli a suivi le programme de l’Institut international du leadership en soins infirmiers organisé par le CII (Global Nursing Leadership Institute), programme dont l’objectif stratégique est de former des infirmières et infirmiers de très haut niveau du monde entier pour conduire des politiques qui améliorent la santé des populations, les soins de santé et la profession infirmière.

« J’ai décidé de m’inscrire à l’Institut pour acquérir les compétences de leadership qui sont désormais indispensables dans les soins infirmiers », explique le Dr Phafoli. « Je voulais aussi créer des réseaux avec des infirmières cadres venant d’autres horizons et d’autres pays, pour échanger nos expériences du leadership. »

Pour le Dr Phafoli, les infirmières de haut niveau doivent absolument avoir une conscience de la chose politique, de même que comprendre l’importance du pouvoir politique et de la manière d’y accéder.

« L’Institut est vraiment ce dont les infirmières cheffes de file ont besoin à l’heure actuelle. Il aborde les enjeux passés, actuels et futurs dont la compréhension est nécessaire pour exercer le leadership en soins infirmiers, y compris certains aspects qui ont des implications sur l’enseignement, la pratique et les politiques de soins infirmiers. »

Le Dr Phafoli ajoute qu’il n’a pas toujours été facile de suivre le programme, surtout s’agissant du respect des délais et de la recherche d’un bon mentor. Elle précise toutefois que le contact qu’elle maintient avec ses collègues depuis la fin du cours l’aide beaucoup.

« C’est très utile : grâce aux réseaux que nous avons créés, nous continuons de communiquer et de nous soutenir les unes les autres. Le cours m’a aidée à relever un certain nombre de défis auxquels notre association nationale d’infirmières était confrontée – une démarche dans laquelle, sans mon expérience à l’Institut, je n’aurais guère eu envie de me lancer. »

Pour le Dr Phafoli, le principal enseignement à tirer de l’Institut est que l’élaboration des politiques n’est pas une activité simple ni linéaire.

« Le processus d’élaboration des politiques, généralement, ne se décompose pas en étapes bien structurées. En outre, il est difficile de séparer les questions de pouvoir / politique des politiques publiques. D’une manière ou d’une autre, en tant qu’infirmières cheffes de file, nous devons participer à la vie politique, car c’est là que se prennent les décisions qui affectent notre profession.

L’Institut m’a fait réaliser et admettre que je possède effectivement les compétences et aptitudes nécessaires, et que je dois les utiliser de manière profitable pour moi-même et pour la profession infirmière. Il m’a aussi fait prendre conscience de certains de mes points faibles, afin que je puisse y travailler, non pas seule cette fois, mais avec les réseaux que j’ai construits. »

Le Dr Phafoli remarque que le fait d’avoir suivi l’enseignement de l’Institut lui a donné davantage confiance en elle et l’a encouragée à exprimer ses points de vue de manière plus ferme.

« J’ai une plus grande estime de moi-même et me sens davantage prête à défendre mon point de vue. De plus, mon sens politique s’est aiguisé. »

L’Institut lui a montré l’avantage qu’il y a à échanger avec ses collègues et à prendre conscience du fait qu’elles ont peut-être des expériences similaires à partager. « Le simple fait de parler fait surgir de nouvelles idées », observe-t-elle. Depuis la fin du programme, le Dr Phafoli a aidé la LNA à réviser sa constitution, à organiser sa 46ème assemblée générale annuelle et à lancer la campagne Nursing Now au Lesotho.

Et cette année, elle est devenue une co-animatrice du programme GNLI. Elle a utilisé son rôle de leadership pour aider la LNA à résoudre des problèmes difficiles entre ses membres, dont beaucoup ont moins d'expérience au niveau national qu'elle.

Elle aide désormais le ministère de la Santé à dispenser aux infirmières une formation de remise à niveau sur les bons soins aux patients et les questions éthiques en matière de soins infirmiers. Elle a créé un groupe d’anciens présidents et d’infirmières en chef de la LNA, qui s’appuie sur leurs connaissances et leur expérience pour soutenir la LNA.

Et elle a saisi des opportunités pour les infirmières et pour le développement de la profession d'infirmière. Par exemple, un groupe de jeunes infirmières Jhpiego (35 ans et moins) doit être formé au leadership dans le cadre du Nursing Now Nightingale Challenge 2020.

Depuis la fin du programme, le Dr Phafoli a recommandé l’Institut à ses collègues – la directrice des services infirmiers du Lesotho a participé à l’édition 2019 de l’Institut.

Dr Phafoli recommande aux infirmières qui entendent assumer des rôles de cheffes de file d’envisager de s’y inscrire.

« Le chemin vers le leadership en soins infirmiers n’est pas rectiligne, et il faut se préparer à tout. Il est d’une importance cruciale de continuer d’apprendre et de communiquer avec d’autres infirmières cheffes de file. »