Congrès du CII : l’ancienne Première Ministre de la Nouvelle-Zélande demande que l’Assemblée mondiale de la Santé, dans son débat sur les futures pandémies, entende le point de vue des infirmières

Congrès
2 Novembre 2021
PR61

Helen Clark, ancienne Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, a recommandé à l’Assemblée mondiale de la Santé (AMS), dans ses délibérations relatives à l’adoption éventuelle d’un traité sur la préparation aux pandémies, d’écouter le Conseil International des Infirmières (CII).

Mme Clark, qui est aussi ancienne coprésidente du Groupe indépendant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la préparation et la réponse aux pandémies, a critiqué les pays du G20 pour n'avoir fait aucune proposition concrète en vue d'améliorer la distribution mondiale des vaccins. Elle a affirmé que les infirmières du monde entier devaient élever la voix pour encourager leurs gouvernements à agir le plus rapidement possible.

S'exprimant lors d'une séance du Congrès virtuel du CII, Mme Clark a appelé les associations nationales d'infirmières membres du CII à faire pression sur leurs gouvernements et a déclaré que la voix du CII devrait être entendue lors de la session extraordinaire de l'Assemblée mondiale de la Santé (AMS) qui se tiendra dans le courant du mois et qui portera sur une nouvelle convention de l'OMS sur les responsabilités des gouvernements en matière de préparation et de réponse aux pandémies.

« Je pense que l’opinion du CII sur ce que l'AMS pourrait faire d’utile pendant la session extraordinaire est extrêmement importante. »

Mme Clark a animé une séance consacrée aux enseignements tirés de la riposte mondiale à la COVID-19, et à la manière de prévenir l’apparition de nouvelles pandémies.

Le débat, présenté par le Directeur général du CII, Howard Catton, a bénéficié des contributions de la Présidente du CII, Annette Kennedy ; de l'ambassadeur pour la santé mondiale au Ministère norvégien des affaires étrangères, le professeur John-Arne Røttingen ; et de la responsable technique pour la COVID-19 à l'OMS, le docteur Maria Van Kerkhove.

Mme Clark a ouvert la séance en prenant acte des tensions auxquelles les infirmières du monde entier sont soumises.

« Permettez-moi de reconnaître d'emblée le fardeau que les infirmières du monde entier ont porté en première ligne, souvent sans être correctement protégées alors même qu’elles n’ont ménagé aucun effort en faveur des personnes malades et en fin de vie. »

Mme Clark a exposé les preuves que les infirmières ont fournies au Groupe indépendant qu'elle a présidé, y compris leurs préoccupations concernant l'épuisement professionnel, la rétention du personnel et le recrutement de nouvelles infirmières.

Mme Kennedy a expliqué à quel point les infirmières du monde entier se sont senties abandonnées, surtout au début de la pandémie, lorsqu’elles ont dû travailler sans équipement de protection individuelle (EPI) dans un environnement mortifère.

« L'EPI était le facteur le plus important pour empêcher la propagation du virus. Si vous envoyez une armée à la guerre, vous ne vous attendez pas à ce qu'elle y aille sans équipement de protection. Pourtant, nous attendions des infirmières qu'elles se rendent dans des situations hautement contagieuses avec peu ou pas de vêtements de protection. En fait, nous les envoyions à la mort. »

La discussion a largement porté sur le problème de l'inégalité dans l’accès aux vaccins. En effet, de nombreux pays à revenu élevé ont commencé à administrer des doses de rappel à leur population ou à accumuler des vaccins, alors même que de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ont à peine entamé leurs programmes de vaccination.

Pour le professeur Røttingen, toutes les communautés devraient être en mesure de mettre en œuvre un ensemble complet de mesures, plutôt qu'une solution unique – comme le recours aux seuls vaccins. Pour ce faire, elles ont besoin de capacités et de l'approvisionnement nécessaire en équipements et technologies disponibles. « Cela vaut non seulement aujourd’hui, dans le cadre de la crise actuelle, mais aussi pour la préparation à la prochaine pandémie ou flambée infectieuse. Dans un contexte où nous dépendons tous les uns des autres, la préparation consiste, en réalité, à agir au niveau des maillons faibles. Il s'agit là d'une responsabilité collective de tous les pays, dont chacun doit s'assurer que son système est suffisamment robuste. Une bonne préparation sanitaire au niveau mondial est un bien public mondial. Des investissements doivent être consentis pour garantir que nous sommes tous correctement protégés. »

Mme Van Kerkhove a mis en garde contre l'administration d’injections de rappel et contre le stockage des vaccins, qui retardent la fin de la pandémie et risquent de favoriser l’apparition de nouvelles variantes dangereuses :

« La majorité de la population mondiale n'a pas reçu ses deux premières doses. Les vaccins disponibles actuellement sont efficaces contre le variant Delta. Mais ce dernier, qui évolue, pourrait développer des capacités d’échapper au système immunitaire, et nous nous trouverions alors face à une protection réduite contre le virus.

L’OMS, qui a été très claire sur la question des rappels, a appelé à un moratoire d’ici à la fin de l’année. La quantité de vaccins qui sont utilisés en ce moment pour des personnes déjà bien protégées, aux dépens d'autres personnes, et en particulier de nos agents de santé, qui sont en première ligne dans ces pays, est inquiétante. C'est absolument scandaleux et je pense que tout le monde a un rôle à jouer contre ce problème. Trop de vaccins sont gaspillés et, franchement, le recours inapproprié aux vaccins à l’heure actuelle prolonge la pandémie. »

Après la séance, Howard Catton, Directeur général du CII, a déclaré que les infirmières comprenaient bien les conséquences des décisions gouvernementales sur la santé des patients qu'elles traitent.

« La pandémie a montré comment les infirmières du monde entier se sont unies pour partager des informations et se soutenir mutuellement. Lorsque Helen Clark, coprésidente du Groupe indépendant sur la préparation et la réponse aux pandémies, estime que le CII devrait dire à l'OMS ce que pensent nos associations, cela montre que l'opinion des infirmières compte sur la scène où se prennent les décisions les plus importantes en matière de santé. Les infirmières, par l'intermédiaire du CII, constituent un important mouvement social pour le bien, pour le progrès et l'amélioration, pour un monde meilleur et en meilleure santé. Nous poursuivrons ce travail et renforcerons notre influence partout où elle peut faire la différence. »

Le Congrès du CII se poursuit de manière virtuelle. Pour de plus amples renseignements, consulter : https://icncongress2021.org/

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