Congrès du CII : des Infirmières de l’Asie Sud-Est évoquent leur expériences professionnelles pendant la pandémie et leur vision de l’avenir des soins infirmiers

Congrès
4 Novembre 2021
WS44

Le thème du Congrès du Conseil International des Infirmières (CII), « Les soins infirmiers dans le monde », se traduit non seulement dans l’origine internationale des intervenants, mais aussi dans les séances régionales qui se tiennent chaque jour. Aujourd'hui, notre voyage autour du monde a fait escale en Asie du Sud-Est pour une série de vidéos et d’entretiens avec des infirmières et infirmiers chefs de file dans la région.

Au cours d’une table ronde, des infirmières éminentes ont porté un regard sur l’action des soins infirmiers au niveau régional pendant la pandémie et ont présenté leur vision de l’avenir après la COVID-19. Entre autres constatations, il a été relevé que, malgré les conflits avec certains employeurs, le respect et l'autonomie de la profession avaient progressé pendant la pandémie, tout comme la résilience des infirmières et la visibilité globale de la profession.

Les étudiantes en soins infirmiers dont la formation a été interrompue ont souffert d'anxiété, mais la technologie numérique a été exploitée pour adapter la formation : l'apprentissage mixte est ainsi devenu la norme dans de nombreux établissements d'enseignement. Cependant, pour les étudiantes privées d’équipement approprié ou d’accès à une connexion internet rapide et stable, cette solution a été très problématique : des solutions techniques ont heureusement été adoptées pour qu'elles ne soient pas désavantagées.

Des infirmières enseignantes ont apporté soutien, conseils et supervision à nombre d’étudiantes plongées sans préavis dans des secteurs cliniques au contact de patients très malades. Ainsi, une nouvelle génération d'infirmières a-t-elle été formée, des infirmières capables de poser une réflexion critique, de résoudre des problèmes, de prendre soin des patients de manière éthique et compétente, ainsi que de s'adapter à de nouvelles situations.

Des infirmières de la région ont présenté des études de cas montrant les pressions qu'elles subissent. Joy Priyadharishini, infirmière de santé publique en Inde, a parlé de l'engagement des infirmières à rester en contact avec leurs patients dans la communauté, malgré les restrictions que le gouvernement a dû instaurer pour empêcher la propagation de la COVID-19. Elle a expliqué que, si de nombreuses infirmières ont été soit malades, soit obligées de rester à l’isolement après un contact avec une personne atteinte par la COVID-19, de nombreux patients qui hésitaient à se faire vacciner ont été persuadés d'aller de l'avant grâce au bon contact avec leurs infirmières. Des services ont été transformés en unités mobiles et de nouvelles méthodes de travail ont été imaginées pour assurer la continuité des soins. Au début de la pandémie, beaucoup d'infirmières craignaient de tomber malades, d'être stigmatisées par le public et de manquer de connaissances ; certaines étaient convaincues de leur incapacité à prodiguer un traitement efficace.

Des infirmières du Népal ont expliqué avoir dû surmonter, pendant la pandémie, des problèmes d'infrastructure ainsi qu’une pénurie de ressources, de matériel performant, de formation et d'équipements de protection individuelle. Pour ces infirmières, un problème fondamental a été d’aider les gens à surmonter leurs craintes face à une infection inconnue et dangereuse. Elles ont dit espérer que le nombre de doses de vaccins augmenterait et a recommandé une bonne coordination entre le gouvernement central et les autorités locales pour faire face à la pandémie.

Pour sa part, Defni Perera, infirmière en santé publique à Sri Lanka, a évoqué ses activités de gestion, de prévention des maladies non transmissibles, de soins palliatifs, de pédiatrie et de secours en cas de catastrophe. Une infirmière a parlé de l'anxiété, du stress et de la charge physique que représente le port d'EPI pendant les nombreuses heures passées à fournir des soins sûrs et efficaces aux patients. Elle a indiqué que l'utilisation des transports publics constituait un défi majeur et que de nombreuses infirmières préféraient utiliser leur propre véhicule. D'autres infirmières sri-lankaises ont raconté leur expérience en première ligne de la lutte contre la COVID-19 dans des services de soins intensifs.

Une infirmière de Thaïlande a déclaré qu'elle avait vu apparaître nombre de nouvelles maladies au fil des ans, et qu'elle s'attendait à ce que la COVID-19 ne soit pas différente. Or, a-t-elle observé, la situation n’a cessé de changer – au début, on disait que le coronavirus se transmettait par des gouttelettes, puis par l'air... Les infirmières ont dû mettre à jour leurs connaissances en même temps que l'évolution du virus et prendre les mesures appropriées pour se protéger. Au milieu de beaucoup de confusion, les établissements n'ont pas été en mesure de suivre la propagation de l'infection, de sorte que les infirmières ont dû trouver des moyens de traiter des patients très malades sans disposer des salles à pression négative qui auraient été un cadre idéal. Le secret, pour continuer à prodiguer des soins malgré l'incertitude, a été de se tenir constamment à jour : les infirmières sont ainsi devenues plus confiantes dans leur propre capacité à accomplir leurs tâches dans une période extrêmement difficile. Les participants ont dit avoir été choqués par la rapidité de la pandémie. Une infirmière a déclaré avoir eu l’impression de « marcher dans l'obscurité totale », sans aucune idée de quand les choses reviendraient à la normale.

Enfin, une infirmière militaire indienne a dit sa fierté d'avoir géré un centre de soins pendant les première et deuxième vagues de COVID-19. Face à la pénurie d'infirmières dans le secteur civil, en particulier dans les services d'urgence et de soins intensifs, des personnels infirmiers militaires ont été déployés dans toute l'Inde dans de nombreux rôles, notamment pour le dépistage des patients, les soins intensifs et la décontamination.

Le Congrès 2021 du CII se tient de manière virtuelle du 2 au 4 novembre 2021. Pour de plus amples renseignements sur le Congrès pour s’inscrire, consulter : https://icncongress2021.org/

Pour écouter l’enregistrement de la séance régionale en Asie du Sud-Est, de même que toutes les autres séances du Congrès, consulter : https://congress2021.icnevents.online/.

Téléchargez le communique ici