Annette Kennedy, la Présidente du CII, s’adressant à la communauté mondiale de la santé, a qualifié de « honteuse » la façon dont les infirmières ont été traitées durant la pandémie

27 Octobre 2021
WS 38

Annette Kennedy, la Présidente du CII, a fait part, lors du Sommet mondial sur la santé à Berlin, de la pression implacable et insoutenable subie par les infirmières depuis le début de la pandémie et appelé à des mesures urgentes pour faire cesser les départs en masse de la profession, parfaitement explicables.

Mme Kennedy, qui présidera la semaine prochaine le Congrès virtuel du CII, a tiré un bilan sans concessions de l’absence de préparation du monde à la pandémie et du manque de protection des infirmières partout dans le monde, lors du Sommet mondial sur la santé, qui s’est tenu en début de semaine.

S’adressant lors de ce sommet à un public de professionnels de santé, de scientifiques, de personnalités politiques et de hauts fonctionnaires, Mme Kennedy a déclaré :

« Aucun pays n’était préparé à affronter la pandémie, alors que nous savions depuis des décennies que cela arriverait. Aucun pays ne disposait de système de santé résilient et aucun pays ne s’est doté de stratégies. Deux ans après, j’ose espérer que nous en avons tiré quelques enseignements. »

Elle a fait remarquer qu’avant la pandémie, les infirmières étaient déjà surmenées et surchargées de travail – la pénurie mondiale de personnels s’élevant à six millions de personnes – et pourtant, bien qu’elles ne soient pas adéquatement protégées, elles ont fait face à la pandémie de COVID-19 avec courage et résilience.

« Les infirmières faisaient des gardes de 12 heures, dix jours de suite, sans pause, le tout sans équipement de protection. C’est honteux. »

Elle a indiqué que les associations nationales d’infirmières du CII à travers le monde, ont porté à la connaissance de l’organisation les réalités du terrain, les pénuries, les longues heures de travail et l’absence d’équipement de protection individuelle, de soutien et de vaccins contre la COVID-19.

Elle a confié son scepticisme concernant les projets des gouvernements de former davantage d’infirmières suite à une enquête du CII indiquant que les trois quarts des pays ont fait savoir qu’ils allaient renforcer leurs effectifs infirmiers.

« J’attends de voir les actes, car il faut trois à quatre ans pour former une infirmière. Si nous attendons pour qu’à la fin nous nous rendions compte que nous allons droit vers une crise liée à la pénurie d’infirmières, il sera trop tard, comme pour la pandémie. »

Mme Kennedy a déclaré que les infirmières rentrent chez elles en larmes parce qu’elles ont trop de patients, parce qu’elles craignent de transmettre le virus à leur famille et parce qu’elles prennent en charge un si grand nombre de patients mourant sans même un proche à leur chevet.

« Cela marque », a déclaré Mme Kennedy. « J’ai travaillé en soins intensifs durant de nombreuses années, j’ai pris soin de nombreux patients décédés rapidement et sans crier gare. Et je me souviens de chacun de ces défunts, alors je ne peux m’imaginer ce que ces infirmières vont ressentir une fois que tout cela sera terminé. »

Selon elle, le surmenage et le stress conduisent un grand nombre d’infirmières à quitter la profession, nombre d’entre elles étant des infirmières chevronnées, ce qui ne fait qu’aggraver la pénurie existante.

Concernant le rapport de l’Organisation mondiale de la Santé révélant que 115 000 agents de santé sont morts de la COVID-19 entre janvier 2020 et mai 2021, Mme Kennedy a déclaré :

« Où sont les enquêtes à ce sujet ? Si un avion s’écrasait chaque jour depuis le début de la COVID-19, on n’attendrait pas une semaine pour clouer au sol les aéronefs et mener enquête après enquête jusqu’à qu’on en établisse l’origine et qu’on règle le problème. »

Elle a déclaré que les pressions exercées sur les infirmières vont croissant et que beaucoup d’entre elles claquent la porte. Aux États-Unis, les infirmières quittent leur emploi pour travailler pour des agences parce qu’elles peuvent multiplier leur salaire par trois ou quatre, assumer moins de responsabilités et percevoir suffisamment d’argent pour travailler moins d’heures.

Dans un avertissement sans fard, Mme Kennedy a déclaré : « Il n’y aura pas de système de santé sans infirmières. »

Le Sommet mondial sur la santé est un événement interdisciplinaire annuel de haut niveau et l’un des principaux forums stratégiques en matière de santé mondiale. Cet événement de trois jours, organisé du 24 au 26 octobre, a accueilli des délégués de 100 pays, dans le but d’améliorer la santé dans le monde et de renforcer la coopération internationale.

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